Nous sommes un vendredi 13, je passe sous un échafaudage composé de six échelles en sortant de chez moi et la fin du monde est toujours prévue pour 2012 selon le biblique calendrier maya, bref tout les éléments pour que je passe une soirée merdique sont réunis.
J'arrive à la plateforme, ça me fait rêver, c'est la première fois que j'assiste à un concert sur une péniche, je trouve ça coule. Je sympathise avec le vigile qui me dit que « en tout cas en balance ça grattait fort! » et je paye ma place 11euros, ça à intérêt à être de la bombe!
La salle est en sous-sol, par les hublots on voit à ras de l'eau, ça m'inquiète un peu mais c'est super jolis. Les demis sont à 3,50euros et ils ne servent pas de vin, c'est un peu du foutage de gueule. Heureusement, j'ai une fiole de gin sur moi. Pas de scandale.
Les Crusaders of love, un groupe venus exprès de Lille pour l'occasion, mettent dix plombes à s'accorder, j'ai l'impression qu'ils sont un peu bourrés. Le concert met un peu de temps à décoller et le batteur est à coté de la plaque tout le début du set. Je commence à regretter d'être venu quand le chanteur et le guitariste décident de se friter, ce qui met de suite du punch pour le reste du concert. Son à la Black Lips, deux guitares, basse, batterie, un guitariste avec une tête de champignon et un chanteur super stylé, (t-shirt rastafaray, sangle vert-jaune-rouge, slim). Ces types cachent des ressorts sous leur pompes, c'est sûr, et pour cause, le batteur ne joue quasiment jamais à la croche.
Fin apocalyptique, guitare dans la batterie, larsen et le chanteur qui souffle dans le micro pour nous briser les tympans. Tout ça n'a pas l'air de plaire au vigile qui se tient debout à droite de la scène, la tête dans les mains. Au bout de cinq minutes à camper sur scène, les Crusaders se décident à faire une chanson des Buzzcocks en rappel. Au final, bon concert malgré une basse omniprésente dans les enceintes. Un jeune groupe auquel il faut prêter attention!
Juste le temps de se lier d'amitié avec deux-trois personnes et c'est au tour de Jay Reatard.
Si je ne savais pas à qui j'avais à faire, je partirais en courant. Ces mecs la ont sans doute la pire dégaine de tout les temps.
On ne peut rien dire de ce concert sauf que c'est la grosse folie. Show à l'américaine, pas une seconde de pose entre les morceaux, pas une seule baisse, pas un seul pain, le tout doit faire 30minutes, la plus grosse tourne mondiale. Le public devient fou, tout le monde redécouvre son soi épileptique. Le concert se termine par not a substitute en rappel, Jay Reatard disparaît pendant le morceau et la section rythmique se téléporte en coulisse presque aussi rapidement. La musique revient doucement, tout le monde à le sourire figé. Je comprend maintenant pourquoi c'est un jour de malchance, c'est déjà fini.
Platon -mars 2009
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